L’abîme

Pourquoi n’ai-je pas mal ?
Foudre tombée sur les os
Rupture de la couverture de cuir
Un marteau arrose les encolures
Vrombit, d’un coup une sécheresse
La coupure est nette
J’adjoins mes mains autour du foyer sensible
Torrent de lumières
Le bleu s’égare et s’accouple de teintes étrangères
Pourquoi n’ai-je pas mal ?
Enfin l’onde parvient au coeur
Il est temps d’appliquer les règles
Le sang brun forme une montagne protégée d’une lentille d’épiderme
Les battements chauds appellent à l’immobilité
La trahison vient de la pupille, la bouche, elle, peine
Je me blottis dans la douleur
Pourvu qu’il y ait une fièvre
Je me jette en pâture aux exclamations, à l’attroupement
Les métaphores non-verbeuses sont un réconfort
Je délègue mon repos, docile à la palpation
Pourquoi n’ai-je pas mal ?
J’embrasse la répétition du récit sur un registre pauvre
Bénédiction d’une banalité
Rejet de la plainte de l’être à névralgie soucieuse
J’ai mal tout le temps
Enfin un point, un centre dévasté, unique, identifié
Le sang bouillant d’une amnésie
Soulagée des neiges acides au fond de la gorge
Débarrassée d’une malignité des intempéries dans la tête trop étroite
Un nuage noir au-dessus de la cheville
Le repos admis