Les satellites

Mon visage brouillé par les volutes, agenouillée sur tes cuisses, ton jean rugueux contre mon épiderme molle et chaude, le vallon de ma hanche aux prises de ta main gauche, rigoureuse. Tu m’écoutes comme un tuteur, tu hoches la tête. Chaque occasion d’apercevoir un autre toi, une expression, un regard qui ne m’est pas famille, invitée dans le secret de ton altérité, est une vexation exquise. Moites tropiques. Les plis du recoin de tes lèvres, la subtilité du tracé unique à l’aube de ta nuque. Ta main gauche troue l’assourdissement de la musique, elle est l’encre marine. Dans le bar, le groupe chahute. Au matin tu t'éclipseras dans la cuisine. Aligné à la corbeille de fruits éprouvés par la chaleur je te retrouverai hagard, le torse nu, le vin blanc empâtant encore nos langues, je déposerai des recueils de salive invisible dans tes creux. La mélodie silencieuse, oreilles sifflantes des récits claqués dans le tympan la veille, du relâchement des muscles. La chair amusée à jouer de tout son poids. Moi, les bras autour de toi. Les satellites défrayés et puis les autres.