Winston

Je m'allumais une Winston sur un banc peint en vert. Il se trouvait sur les bords du lac Léman. En face là-bas, c'était la Suisse. Mon banc, il jonchait un petit port de plaisance qui me faisait parvenir aux oreilles le bruit répétitif du hauban contre le mat des catamarans qui attendaient de prendre le large. Je venais de boire une bière au sirop de pêche et au sirop de mangue et les enfants de la place avaient couru, crié, joué avec l'eau de la fontaine. A tous, il nous dérangeait le bruit, mais on n'avait rien su dire. On n'ose jamais contredire ce qu'on fut autrefois. J'allumais la deuxième Winston et vida mon verre. Je payai et en me retournant, je fus attiré par l'église de l'autre côté des platanes de la place. Je n'avais jamais mis les pieds dans aucune d'église et, assis sur un de ses banc, je me surpris à pleurer à chaude larme. J'étouffais mes sanglots qui résonnaient quand même. J'en sortis en vitesse tout pétri de ressentiment et m'assis sur un banc vert au bord du lac. Les canards investissaient l'embarcadère là juste à côté et je sortis mon paquet de Winston.