Définition simple de l'intelligence

NB : j'ai totalement réécrit ce billet dans l'espoir de le rendre mieux structuré et plus concis. Je dispose toujours de l'ancienne version, n'hésitez pas à me faire des retours par email. Merci beaucoup !

L'intelligence a plusieurs définitions, mais il me semble que la plus répandue (parce qu'associée aux quotients intellectuels élevés) correspondrait à une capacité à communiquer et à collaborer. Elle correspond en réalité surtout aux métiers de cadres, et surtout à ceux à fort capital culturel, ce qui peut entraîner une confusion entre les deux (le QI étant évidemment associé à de plus ou moins grandes facilités d'acquisition et de production de formes de capital culturel). Cette forme d'intelligence est caractéristique de la recherche et plus généralement du progrès.

Cette conception de l'intelligence dépend donc des technologies de l'information et de la communication (et donc de leur développement). Une personne qui pirate des articles scientifiques et des livres sur Sci-Hub et Z-Library aura une capacité de communiquer et de collaborer supérieure à celle d'une personne disposant du même pouvoir d'achat, mais se contentant des articles en accès libre, des livres qu'elle peut acheter, etc. Inversement, il me semble évident qu'une personne accro à Facebook ou à Twitter aura de plus fortes chances d'échouer dans ses études qu'un·e gamer.

Notons enfin que Muriel Darmon relève une introduction de l'univers scolaire chez les enfants de cadres sous forme de jeux (Darmon, 2006), et que le QI augmente avec la classe sociale (Lignier, 2012) ; or je pense pouvoir définir le QI comme un sentiment de confiance totale envers l'univers symbolique scolaire, « confiance basale » envers la lecture et l'écriture, la communication abstraite, la diversité et l'altérité, etc. C'est parce que j'avais une excellente relation avec ma mère et parce qu'elle me lisait des histoires que mon QI est d'environ 145. Ce qui ne m'a pas empêchée, la transphobie aidant, de publier des contenus d'une bêtise insondable, pendant 8 ans, sur Twitter. Parce que le QI n'est ni preuve d'intelligence, ni preuve d'un manque d'intelligence : il dépend des TIC d'une part, et reste un test ethnocentré d'autre part, certaines populations ayant un rapport concret et pragmatique à l'écriture (rédaction de faire-parts, de documents administratifs, etc.) et obtenant donc des résultats particulièrement faibles, ce qui ne les empêche pas de communiquer ou de travailler ensemble. Le QI reste un test de potentiel intellectuel et un facteur parmi d'autres de génie, avec la motivation, une certaine aisance économique, etc.

Références

Darmon M., 2006, La socialisation, Paris, Armand Colin (128), 128 p.
Lignier W., 2012, La petite noblesse de l’intelligence : Une sociologie des enfants surdoués, Paris, La Découverte (Collection laboratoire des sciences sociales), 356 p.