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🐝️ Installer des ruches peut nuire à la biodiversité

L'abeille à miel (ou abeille domestique) est une espèce européenne importée au Canada pour la production de miel et son talent pour la pollinisation. Elle vit parmi ~730 autres espèces d'abeilles indigènes au Canada, qui pour la plupart comme les bourdons sont solitaires, vivent dans le sol ou dans des cavités et ne produisent pas de miel.


Source de l'image: Dmitry Grigoriev

La mortalité hivernale des abeilles à miel, entres autres liée aux pesticides mais aussi à une panoplie de facteurs, est un enjeu légitime mais lié à l'apiculture, pas à l'écologie. D'ailleurs, les populations d'abeilles domestiques sont en croissance au Canada [^1].

Or, plusieurs travaux de recherche ont montré que l'occupation des niches écologiques par l'abeille à miel se fait au détriment des abeilles indigènes [^2].

On ne lutte pas contre le déclin des oiseaux en installant des poulaillers, alors pourquoi installer des ruches pour sauver les abeilles?

L'installation de ruches dans les municipalités, les parcs, sur les campus et chez des particuliers pourrait ainsi s'avérer néfaste pour le maintien des populations d'abeilles indigènes [^3]. Ma collègue Valérie Fournier s'est intéressée à la question en menant une étude sur l'Île de Montréal publiée dans Urban Ecology [^4]. Or, contrairement à la littérature sur le sujet, l'étude montréalaise dénombrait davantage d'abeilles indigènes là où elle dénombrait aussi davantage d'abeilles domestiques, et ce, peu importait l'abondance de fleurs dans les secteurs étudiés. Mais n'imaginez pas que les abeilles de Montréal aient développé une solidarité interspécifique.

Selon les auteurs de l'étude, il y a eu lors de leur expérience suffisamment de fleurs pour nourrir tout ce beau monde. Une diversité et une abondance florale ainsi qu'une présence limitée de ruches permet la cohabitation entre abeilles indigènes et domestiques.

Les populations d'insectes, dont les abeilles indigènes, étant en déclin un peu partout dans le monde [^5], mon avis est néanmoins de laisser autant de fleurs possibles aux espèces indigènes. Je ne dis pas de bannir le miel, loin de là. Juste de ne pas penser qu'au Canada, installer des ruches est un geste écologique. Pensez plutôt à fleurir et laisser fleurir votre environnement !

[^1]: Statistique Canada. Tableau 32-10-0353-01 Production et valeur du miel.
[^2]: Geldmann, J., & González-Varo, J. P. (2018). Conserving honey bees does not help wildlife. Science, 359(6374), 392–393. doi:10.1126/science.aar2269.
[^3]: RoparsL, DajozI, FontaineC, MuratetA,GeslinB (2019)Wild pollinatoractivitynegativelyrelatedto honeybee colonydensitiesin urbancontext.PLoSONE 14(9):e0222316. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0222316
[^4]: McCune, F., Normandin, É., Mazerolle, M. J., & Fournier, V. (2019). Response of wild bee communities to beekeeping, urbanization, and flower availability. Urban Ecosystems. doi:10.1007/s11252-019-00909-y.
[^5]: Cliche, Jean-François, 2020-01-21. Le déclin des insectes «sur le radar» (littéralement).

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