Le génie des abeilles
Abeille du genre Lasioglossum pollinisant une fleur de cannerberge. Crédit: Tom Murray
Les cannebergières du Canada, deuxième producteur mondial, sont des agroécosystèmes construits sur des sols sableux aménagés en bassins de 1 à 2 hectares entourés de digues servant à confiner l’eau, à l’acheminer de bassin en bassin, et de voies de circulation. Sur de rares zones de production, les digues ont été ensemencées de plantes attrayantes pour les pollinisateurs dont la canneberge a essentiellement besoin pour produire des baies. Mon projet consiste à concevoir et construire des ouvrages géotechniques aménagés pour accueillir des nids et des niches écologiques de proximité pour les pollinisateurs sauvages.
Les producteurs de canneberges ont généralement recours à des services de pollinisation externes livrant sur les sites des ruches d’abeilles domestiques, pour qui la canneberge n’offre pas une alimentation adéquate. Parmi les pollinisateurs sauvages identifiés dans les cannebergières, on retrouve différentes espèces de bourdons, de lasioglossum et la Melitta americana. Ces abeilles sauvages nichent dans le sol. Or, l’accaparement des niches écologiques des abeilles sauvages par les abeilles domestiques, tout comme la chute dans les dénombrements des populations d’insectes (dont les pollinisateurs), soulèvent des inquiétudes grandissantes. À l’échelle du nid comme à celle de la niche écologique, les pollinisateurs sauvages requièrent des aménagements adéquats que peuvent leur offrir les ouvrages géotechniques.
L’objectif de mon projet de recherche est d’aménager des environnements géotechniques viables pour la nidification des abeilles sauvages sur les digues des cannebergières. L’étude géotechnique sera menée à l’échelle du nid et de la niche écologique sur la distribution des contraintes, la stabilité des talus et les écoulements souterrains. En combinant les approches de la géotechnique environnementale et du génie écologique, cette étude permettra le développement d’architectures de nidifications, sous formes de bacs de sols et d’hôtels à abeilles, qui soient résistantes aux contraintes et à l’ennoiement.