pour couper le cirque cuit

soir et matin

pas de vent et pourtant
la mince tige de bambou
ploie au souffle invisible
que seules ses feuilles ont senti


ni joie ni peine
pour saluer la clarté
le chant d'un oiseau


triste et terne demi-lune

une autre nuit peut-être
brilleront partout

deux mille lunes


le cerisier enneigé de fleurs
au printemps réticent
attend le vent


impeccable et gracieux
posé sur la poutre
le soudain rapide
salto arrière


tête au-dessus des herbes
le chat en vigie
dupé par le vent
surveille les branches


un tonnerre de réacteurs
explose le ciel
mais où regarder
long-courrier déjà loin


pied très lentement posé
sur l'eau des flaques
sans troubler son miroir

marcher dans le ciel


rouillé fourbu percé
il rigole de l'eau du ciel
le toit de tôle ondulée


toujours libre au fond du parc
le vieux banc de bois
gravé de prénoms et de cœurs
attend patiemment
le retour des amants d'autrefois


corps plus lourd
tête en arrière
par la vitre la rue accélère
à la vitesse du tram


ciel qui s'éclaire

au fond de la tasse
sombre et encore tiède
ce qui reste de nuit


fleur ouverte sous le givre
le glace la protège
du froid qui la tue


iris dorés
qui font imaginer des secrets
mais rien à voir
derrière les yeux du chat


fantôme qui passe en trombe
et ne s'arrêtera peut-être
plus jamais nulle part
le bus sans voyageurs


à peine visible
herbe nouvelle
submergée par le nombre
de boutons d'or


il perce les nuages
et fissure le ciel

faible et puissant
soleil déclinant


jamais deux fois la même strophe
haut perchée
trilles de la grive


le livre tombé de ses mains
déploie de puissantes images
pour le lecteur assoupi