pour couper le cirque cuit

cantique des crevasses

crevasses dans la terre sèche
si larges que la poussière sous nos pas
ne les comblera jamais assez

crevasses dans nos mains
entaillées de lignes si confuses
que plus personne n’y peut déchiffrer
le moindre destin

crevasses dans nos bouches suffocantes
lèvres béantes gercées de rage
qui saignent sous la morsure
de nos dents furieuses

crevasses de nos paroles
trous trop pleins de mots
dans le chaos burlesque
de nos propos

et toi crevasse dans la nuit du cosmos
ton vertige sans bornes
déchiré d'une traînée d'étoiles blêmes
ouvre les pans d'un immense néant