pour couper le cirque cuit

il n’y a pas de sommet

sur le chemin de la montagne
redresser le dos
respirer mieux
tête haute

fièrement loin du monde

regarder à la fois
au plus haut le bleu mordant
et l'humble caillou à ses pieds
pour s'envoler sans trébucher

sur le passage étroit
entre ravin et paroi
les yeux fixés droit devant soi
atteindre la faille du rocher
si longtemps convoitée
où passait aussi
le torrent du printemps

arrivé à l'arrondi du mont
tout là-haut
il n'y pas de sommet
il n'y a plus que soi
et le vent

on pourrait
jeter ses chaussures dans l'espace
et ne plus jamais descendre

pourtant la pente appelle

invite à retrouver au creux de la vallée
dans le secret de la nuit
d'autres monts à gravir