il n’y a pas de bout du monde
et quand bien même il en resterait
je n’irais pas le rejoindre
je ne veux parcourir
dans le jardin minuscule
que les trajets des fourmis
en leur file inlassable
parmi les prunes à terre
il n’y a pas de chant des sirènes
et même si soudain il s’élevait
je resterais sourd à leurs charmes
je ne veux entendre
sur le flanc de la colline
que le souffle du vent
à travers les hêtres
qui tanguent sous ses vagues
il n’y a pas d’amour toujours
me ferait-il signe malgré tout
que je lui rirais au nez
je ne veux aimer
au bord du fleuve endormi
que l’eau fraîche et amie
qui entoure mes chevilles
dans la douce étreinte du soir