pour couper le cirque cuit

j'entends

j'entends la rivière hésitante
le sursaut nerveux de la petite cascade
et le remous qui revient vers l'amont

j'entends le chemin terreux
aux ornières creusées de pneus de tracteurs

j'entends la maigre clairière
aux arbres abattus racines vers le ciel
et les nouveaux buissons vifs qui profitent de l'espace

j'entends le puissant souffle du vent
la colère de l'orage qui vient
sur les branches tourmentées

j'entends le combat la ruade et le naufrage
le sourire la nuit blême
la lumière le chagrin
le sommeil dépecé
le matin nu et froid