pour couper le cirque cuit

les nuages bleus

je voudrais entendre encore la voix de ma mère
quand elle étendait le linge au-dehors
et le bruit du solex qui me portait vers l'école
assis derrière son dos

j'aimerais revoir aussi
abruti par la chaleur de juillet
le bouchon qui vacille
sur le ruisseau sans rides

je voudrais comprendre un jour
ce qu'elles sont devenues
les longues herbes au goût poivré que j'aimais mâchonner
en rêvant lentement
à rien du tout en vrai

je voudrais me souvenir un peu
du sous-bois aux jonquilles
des labours traversés les bottes bien lourdes
du chemin que j'ai pris
pour arriver ici

je veux retrouver le vent sur le fleuve
le vent venu de l'Atlantique
qui ralentit le courant

je veux voir encore
comme je voyais alors
dans un grand ciel blanc
des nuages bleus