nous sommes des ruisseaux
issus de maigres sources frémissantes
engrossés de filets descendus au hasard des collines
nous glissons sans hâte sur la plaine
cachés au creux de hauts talus herbeux
la pente insensible nous entraîne
la fantaisie des bords nous ralentit
creux vaseux
lourdes souches
algues molles
nous sommes à peine un peu d’eau qui coule
souvent sans avoir même un nom
c’est dans d'autres eaux que nous nous perdons
nous disparaissons de rivière en fleuve
jusqu’à la forêt écumeuse du sauvage océan
emportés dans sa grande houle
ou projetés dans le ciel
en d'insaisissables nuages