Journal, contes & nouvelles

Double peine

Pendant l’enfance, les jours défilent ainsi que des semaines. Le temps s’écoule lentement et tout paraît durer une éternité. Nous voulons grandir au plus vite, pour faire comme les grands. Puis, vient le temps de l’adolescence, période où l’on veut grandir encore plus rapidement pour quitter cette chrysalide incommodante et enfin, devenir adulte. Une fois cet âge atteint, les souvenirs d’insouciance ressurgissent et servent de refuge au temps qui s’accélère. Nous traversons alors le gué de notre existence, donnons parfois la vie pour qui nous sacrifions la nôtre. Et quand ce bonheur est inaccessible, nous offrons tout notre amour à nos proches. Le temps s’accélère de plus belle et chaque mois s’écoule à une vitesse insaisissable.

Lorsque sonne l’heure de la retraite, c’est l’automne qui frappe à la porte. L’hiver est en ligne de mire et on l’espère long et doux, pour nous-même et pour ceux qui nous entourent. Mais parfois, la vie s’achève brutalement avant que ne tombent les premiers flocons. Alors, on quitte ce monde sans dire un mot, laissant derrière soi des graines de bonheur qui finiront par éclore, dans les sillons profonds du chagrin.

C’est ainsi que tu nous as quitté. Trente ans après être entré plus intensément dans notre vie. Je sais que tu lisais souvent mes textes et j’espère, de là où tu te trouves, que tu liras ces lignes pour comprendre à quel point tu nous manques et à quel point nous t’aimons.

#Journal, par Grégory Roose