Décorations
Remplir le vide de plein de petites lumières
Je pense à ma sœur et à tous ses projets. Elle fabrique, coud, remue la terre, achète trop de pommes, en fait des compotes. Loin d'une fermeture autour du monde parfait d'une maison catalogue, c'est une suite de petites réalisations qui forment un ensemble chaleureux.
Je la regarde de loin. Je l'appelle et lui demande : tu as fait quoi aujourd'hui et je me laisse porter par tous les projets. Hier c'était un tablier, une couronne de buis, à manger pour quinze personnes. Demain ce sera les fêtes chez elle, des trajets à travers la France pour prendre soin des gens autour d'elle et les accrocher à son sillage de mouvement. Souvent, je fais partie du sillage, parfois je résiste, car chez moi le refuge reste la fuite ou l'immobilisme. Ou plutôt : parfois je n'avance plus.
Je ne fabrique pas de décorations de Noël, je les achète toutes faites au magasin de déstockage à côté de chez moi. Quand je le dis à ma sœur, elle est enthousiaste. Je me demande si elle a l'impression d'encourager un enfant, que ça doit lui sembler un peu ridicule que cela soit ça mon projet. Mais elle ne le dit pas. Elle me dit : c'est une très bonne idée
Remplir le vide de petites lumières.
Je me dis : je ne connais pas de poètes qui célèbrent ce mouvement là. Ces actions qui humanisent le monde, un petit bout à la fois. J'aimerais trouver les mots pour lui montrer sa beauté.