je ne travaille plus et écris le reste du temps

en août des poèmes dans des tableaux excel

image d'une route dans la brume venant du film lost highway de david lynch

en août je suis statique je ne fais aucun micro mouvement qui pourrait créer de l'électricité ou de l'énergie ou de la lumière
en août une fille me dit 'l'argent c'est de l'énergie' et j'ai envie de brûler des billets des lingots ou des coquillages mais ça nécessiterait de l'énergie alors à la place je ferme les yeux et je
remplis des tableaux excel

les colonnes de chiffres forment un espace serré qui me tient, une case peut tenir un nombre proche de l'infini, mais justement pas l'infini, je me lasse des chiffres après la virgule je dis : ok ça devrait suffire puis je mets en vert ce qui passe en rouge ce qui passe pas et tout est bien ordonné
en surface

dans phantom thread le couturier brode des poèmes qu'il recouvre d'un bout de tissus on ne sait pas qu'ils sont là quand on porte ses vêtements mais en même temps on le sait, c'est le principe d'une prière adressée à nous par un inconnue, sous un col poète on lit sans lire :
il suffit de fermer les yeux pour ne pas être reconnu

un livre vit dans ma tête dont je ne connais que le titre, j'ai peur de le lire tant j'ai inventé son contenu, à force de répéter ce titre je lui ai inventé un sens caché, je lis ce livre imaginaire dans ma tête qui parle justement de l'art de cacher des choses dans l'écriture et plus les choses sont cachées et plus elles sont justes, je répète souvent dans ma tête : ce qui se conçoit bien s'écrit caché, mais je ne le dis pas
c'est mon phantom thread

entre deux formules excel j'écris un poème minuscule, vraiment tout petit, il faudrait augmenter le nombre de chiffres après la virgule infiniment pour le voir, je ne peux pas vous le montrer ni le lire à voix haute ça n'aurait aucun sens, on ne lit pas un poème excel à voix haute, s'il est bien rédigé on ne le voit pas
c'est un poème invisible et qui pourtant soutient
toute mon économie.