en septembre des marcassins et des tardigrades
en septembre je veux me rapprocher de la nature je fais genre je connais le nom des plantes je chasse les guêpes et je cours, tous les jours tous les deux jours je crache mes pas sont lourds le vent fait mur contre moi avec moi ça dépend
à l’intérieur j'entends mon corps ça grouille ça fait mal c’est bien si ça pique c’est que ça agit
la forêt résonne, je ne sais pas d’où vient l’écho
pour la première fois de ma vie je vois un marcassin, on se fout de ma gueule t'as jamais vu un marcassin
– enfance immeubles centre ville pavillon périurbain non j'ai jamais vu leurs
petits corps juchés sur des pointes ou entendu leurs couik couik adorables, pendant des heures je parle de leurs p’tits sabots puis de leurs p’tits museaux puis de leurs p’tits dandinements trop mignons
le lendemain je croise des chasseurs dans leurs remorques deux cadavres empilés qui rebondissent à chaque nid de poule, l'un d'eux s'arrête, claque le pick-up puis ouvre sa braguette jambes légèrement écartés et pisse sur une maison
la nature ne me guérira pas je répète la nature s'en fout de ma gueule, si je me réincarne je serai pas un marcassin je serai un
tardigrade
les tardigrades peuvent vivre dans l'espace ils construisent un cocon de cire qui n'est pas une chrysalide mais un tonnelet puis ils tombent dans une sorte de coma puis ils attendent que l'environnement leur soit plus favorable ça peut durer longtemps
ils résistent aux radiations à la pression au froid ils sont pas résilients pour un sou juste
ils dorment
est-ce que l'espace c'est la nature
si oui alors je crois que
je suis guéri.