faudra-t-il s'habituer à la lenteur
“Tu sais en hiver, notre corps n'est pas fait pour travailler”.
Je souris en entendant cette remarque, tant elle ne fait écho en rien à ce qu'il se passe à l'intérieur. Mon corps veut travailler. Je ne sens aucune injonction à l'inaction de son côté. C'est en haut que les fils lâchent.
J'appelle mon père, qui me parle encore et encore du lien entre corps et esprit. “Sans la course, je serai devenu fou, enfin vraiment fou tu vois.” Il pense que je ne le crois pas quand il me dit que le sport l'a aidé à tenir son cerveau en place. Alors, il me le répète en boucle. En réalité, je sais qu'il a raison. Qu'endiguer la vitesse dans l'esprit peut être fait par la fatigue du corps.
Mais la lenteur à l'intérieur n'est endiguée par rien. Rien ne disperse le brouillard. On avance avec difficulté dans ce coton étouffant. Les synapses sont réglées sur une vitesse tout à fait différente : la lumière s'y propage au rythme du son. Lent. Des gouttes d'eau du sommet d'une grotte, résonnent dans un lac vide. Le reste des informations chimiques se perd en route. C'est un embouteillage sur des routes enneigées. Chacun part, lentement, dans une direction opposée et tout s'embrouille.
Le temps n'est jamais linéaire. Les lacets se fondent, la route se perd. Peut-être faudra-t-il s'habituer à la lenteur.