Je sais faire des tonnes de choses en pleurant.
Je pleure comme un sourire et ponctue mes phrases avec du sel et de la morve. Les choses s’arrêtent si rapidement : je ris je pleure je vous ai perdu.
Le bon côté, c’est que j’ai appris à faire des tonnes de choses en pleurant.
Je sais faire la vaisselle, mes larmes dégoulinent et se mêlent aux eaux troubles de l’évier. Des flots inconsistants se marient sous mes yeux embrumés.
Je sais me rouler en boule sur le canapé, la bouche ouverte. La respiration se coince dans mon nez, rebondit dans ma gorge. Le bruit d’une chaudière bouchée résonne dans l’appartement.
Je sais compter les objets rouges dans la pièce (1 : le canapé), appuyer sur mes tempes pour faire sortir le bruit et serrer ma capuche autour de mon visage pour disparaitre.
Je sais ignorer les appels et me promettre que je vous rappelerai bientôt.
Je sais éviter les douches et attendre que le sommeil vienne.
Je sais laisser refroidir le thé
et reconnaître
sa main sur mon front.