Nanowrimo 2020 ou l'art de perdre
J'aime bien gagner. Je ne fais pas partie de celles et ceux, modestes, qui doutent inlassablement, tentent de choses sans y croire et disent “je ne fais ça que pour essayer”. Je crois à ma chance à chaque fois.
Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s’habitueront.
Sauf que je perds.
Cette année, j'ai tenté le nanowrimo. Un défi d'écriture se déroulant sur le mois de novembre. Le principe est simple : 1 mois, 50 000 mots à écrire. On peut écrire tous les jours d'une manière régulière, faire des sessions plus intenses les week-ends, comme on le souhaite. Le but c'est d'arriver à écrire, avant le 30 novembre, 50 000 mots.
Je me suis lancé⋅e dans ce défi avec hargne (comme pour tous les débuts, prochain article à venir). J'ai regardé trois vidéos youtube, eu une idée, me suis inscrit⋅e sur le site le 31 octobre et j'ai écrit. Dans les vidéos ou sur les blogs que j'ai lu, les conseils invitent tous à “prendre le temps”, à voir cette expérience comme “une chance pour évoluer”. Autant dire que cela me glisse dessus. Je ne suis pas particulièrement patient⋅e ou philosophe et je joue pour gagner.
Sauf que je perds.
J'ai commencé l'histoire par la fin, donc c'est officiel, je n'ai pas écrit 50 000 mots en un mois. Je n'ai pas de petits badge “winner” du Nanowrimo. A la place, j'ai une histoire bancale, inachevée et difficilement résumable au premier degré. Un document word un peu moche qui contient une table des matières évolutives et des personnages qui changent de prénoms.
Pendant ce mois de novembre, j'ai été le gamin asthmatique du cours de cross (spoiler : j'étais déjà le gamin asthmatique du cours de cross ou presque). Celui qui s'accroche alors que c'est pas gagné et à qui on donne des points pour la participation. J'ai vu de nombreuses personnes traverser la ligne d'arrivée le 20 novembre, pendant que je restais embourbé⋅e dans mon premier chapitre. Moi je ramais, elles, elles préparaient déjà le tome II de leurs chroniques martiennes.
Alors oui, on me dit qu'on ne se présente pas à un marathon sans entraînement. On ne s'invente pas écrivain⋅e d'un coup, sous prétexte que c'est le confinement et que les cinémas sont fermés. Certes. Mais j'ai du mal avec les excuses et les “j'aurais mieux réussi si”. Donc je perds.
Donc je perds. Sauf que.
Sauf que, face à moi, j'ai à présent un espèce de magma de 38 000 mots qui raconte une histoire qui tient presque debout si on rajoute des étais sur les côtés et des rustines dans les coins. Et j'en tire une satisfaction proche de celle ressentie par un gamin qui fait son premier dessin avec des feutres indélébiles. C'est moche, oui, mais c'est (presque) fait.
C'est une défaite qui a le goût d'une victoire.