quitter les lieux
Je fais mentalement mon sac à dos.
j'ajoute un à un les éléments qu'il me faut
pour partir dans le lointain
brosse à dents, docs, tee-shirt, deux jeans.
Le lointain n'est pas défini car il n'existe que dans un coin précis de mon cerveau
je connais mieux la carte du monde que celle de mon corps.
le lointain n'est ni pour la tête ni pour le cœur
il est pour les jambes
quelque chose vers lequel tendre
la main ne remplacera jamais la tête
mais le reste du corps peut essayer.
les portes claquent, dans ma poche pas de clefs
je les perds partout
une boîte d'allumettes pour un motel jamais visité
je ne les utilise jamais
les lieux mentaux sont traversés avant d'être explorés,
rien dont je ne puisse faire ma demeure
tu ne peux pas vivre dans ta tête
encore quelques déroutes encore et j'arriverai à bon port.
un jour un ami a complimenté un poème
ce n'était pas le mien
c'était un acheté et imprimé en belles lettres bâtons
j'ai hésité quelques temps
ce moment entre deux événements
mon poème ou le sien
le temps c'est la possibilité que quelque chose se passe
mais lorsque cela se passe dans ma tête
sont-ce des événements
j'ai le temps ni dans mes mains ni dans mes jambes
j'ai le temps comme une colorisation du rien pour mieux le voir
un habit élégant pour créer des événements partout qui roulent et se contre disent
je reste dans l'intermittence
je ne souffle pas
ce serait déjà un événement.
Je ne sors pas de chez moi pourtant je ne fais que
quitter les lieux.