rendre le pardon, sans l'avoir donné
Je ne pardonne, ni m'excuse. Les erreurs sont faites pour être dérivées, je marmonne dans le vent. Ce n'est pas la tangente que j'entrevois, c'est une courbe sous la courbe, espace non euclidien qui ne se voit pas mais se conçoit en plissant les yeux.
Il y a l'absolu de la faute et le relatif de la fuite. Rien ne fuite entre mes lèvres, car quand elles s'ouvrent je glapis. Légions, des armées en masse dans mon esprit. Je ne peux les retenir toutes, elles glissent dans mes yeux. Paupières cousues.
Scène d'un tableau. Deux ronds, un triangle, une ligne de fuite. Tout est à la même distance, seul le trait rapetisse. Il n'y a pas de profondeur. Je marche dans la rue avec mon téléphone, je confonds la carte et le territoire. Je ne sais plus si je suis dans le tableau ou si je le peins. Les deux, les trois. Dans la multiplicité des univers, les lignes de fuites sont incalculables. J'étends mes bras dans toutes les directions en même temps, jamais ne touche le cadre.
Je n'apprends rien de mes erreurs, ni de celles des autres. Elles font juste bifurquer mon chemin vers d'autres, dont j'ignorais l'existence. On me dit de tendre l'autre joue. Je réponds que je ne lave les pieds de personne.
Je reprends plus vite que je donne et ainsi n'amasse jamais rien. Vos regards sont tournés vers quelque chose que je ne vois pas.