Un ami s'en va.
Un ami s'en va. On se connaissait à peine. Il disparaissait pendant des mois, puis revenait, en retard, une bière à la main.
On avait le même rapport à l'alcool je crois : boire pour se souvenir qu'on est autorisé à parler de soi et à être heureux. Je n'ai jamais été de ceux qui boivent pour oublier.
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On m'a dit qu'il y avait une différence entre le bonheur et la joie. Quand je suis ivre je ne vois que les couleurs et les visages. J'aime les grimaces et les assortiments mal choisis. Il n'y a ni joie ni bonheur, juste une focale rapprochée sur le beige de vos chaussures et le violet de votre rouge à lèvres. Ça me suffit comme imitation du bonheur.
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Un ami s'en va, on se connaissait à peine. Il n'a pas aimé la ville morte, ses bourgeois et ses minuscules théâtres. Il avait fuit Londres et la dépression. Londres est resté, la dépression est revenue.
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Je reste dans la ville morte. Presque contente de la morne et douce ambiance, qui reste égale face à mes humeurs.
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#villemorte