je ne travaille plus et écris le reste du temps

un atelier d'écriture

image de mannequin verts et roses avec un texte d'Erving Goffman Stigmates les usages sociaux du handicap en filigrane

Ce poème est un texte composite, réalisé conjointement avec 8 autres personnes, participantes à l'atelier d'écriture organisé par Rim Battal et Haydee Touitou.


Dans la vitrine le mannequin en plastique a le regard fixe
en filigrane mon reflet dérive
mes dents crissent en latéral
c'était autre chose que de sourire le matin
la bouche pleine de dentifrice.

Respiration imaginaire j'incurve mes poumons
détend ma mâchoire
et relève mon menton
– main sur mon crâne
je ne sais que faire de mes cheveux.

Dans la vitrine la silhouette
ma tête sur le mannequin
cheveux lisse taille élancée
survêt rose strass élégant
le reflet vapote, la fumée sort par ses narines
son piercing labret brille.

Deux minutes de silence
moi dans le reflet moi dans le pas reflet
y'a pas vraiment le réel
Deux minutes d'apnée
autour le brouhaha des gens sans reflets
ou alors interne
ou alors bien cachés
Deux minutes de miroir
me fondre dans la vitrine
devenir le doppleganger
la regarder me dire, un sourire narquois sur les lèvres :

prends le nacré pour tes yeux

elle sait bien que je ne me
maquille pas
maquille jamais
sais pas faire, mal à l'aise, déjà au-dedans savoir
que la fusion est impossible.

Une passante me bouscule
le maléfice est brisé
le double n'a rien d'un double
et retrouver la masse légère des marcheurs.

#poesie #poetry