un petit bout de solitude
C'est un pays où l'on revient souvent. On ne sait pas tout à fait pourquoi, soudainement, on est dans ce train, en direction de cette adresse si bien connue. Par la fenêtre, les paysages mornes défilent : on les connait par cœur. On les a vus, été comme hivers, dérouler leurs histoires sans secrets. Les belles couleurs de l'automne n'y font rien. C'est un de ces chemins qui ne nous apprennent rien.
On entend que les plus grandes épreuves nous apprennent des tonnes de choses. Permettez-moi d'en douter, au vu de l'apport des petites. Dans ce train, je n'apprends rien. Je constate. En fermant les yeux, je peux voir les étapes précédentes : la gare, le billet. Et quoi ? Les gares ne s'évitent pas sous prétexte que certains trains ne vont pas là où on voudrait.
Je reviens au pays comme on revient dans un lieu qui n'a jamais été chez soi. Les murs, les fenêtres, les draps sont connus. Cela n'en fait pas la familiarité. Pleurer quelque part n'en fait pas ma maison.
J'attends d'arriver pour pouvoir en repartir.