Bastons

Enfant, je me suis fait démolir par des racailles plusieurs fois, dont une sanglante. Deux mecs m'ont foutu à terre et kické de partout, devant des potes qui n'ont pas bougé le petit doigt.

Plus tard, j'ai appris à dépasser le “mur de la violence”, ce mur invisible qui fait que nous, les privilégiés, sommes terrifiés par la violence.

Mais me bastonner, je n'aime pas ça. C'est pourquoi j'ai inventé la technique du maboule. L'idée c'est de se faire passer pour un fou. Frapper une proie terrifiée, ça doit être excitant, frapper un cinglé, c'est terrifiant.

Par exemple, une fois, j'ai commencé à me faire embrouiller par une bande de racailles. J'ai laissé monter l'adrénaline en moi tout en me contrôlant, puis j'ai commencé à kicker un arbre en hurlant des trucs racistes (je ne suis pas raciste, en vrai). Ils sont tous partis illico.

Sauf qu'une fois, je suis tombé sur un vrai maboule. Je raconte l'histoire. Je sortais du métro accompagné de M, un mec qui défonce les poulets et les racailles par paquets de quatre. Je marche sur le pied d'une racaille, qui m'attrape par la tête et me dit “viens, on va s'expliquer en bas”.

Arrivés dans la rue, M passe naturellement en mode maboule, moi aussi avec ma technique. Sauf que le mec était un maboule indestructible. A un moment, il commence à étrangler M. Ni une ni deux, je lui largue pleine puissance dans la tête mon sac avec une bouteille de vodka à l'intérieur, laquelle a explosé. Le mec tombe, mon pote M le coince par terre et me dit “kicke-le, kicke sa tête !” Là je réfléchis (vite), car si je kicke trop fort, je le tue, et si je kicke trop léger, il nous dégomme. Je lâche un middle kick qui le ramollit, quand tout à coup des agents de sécurité surgissent et disent “tout le monde au poste”. Des racailles qui avaient assisté à la scène nous ayant défendus, les agents nous ont laissés partir.

À un moment, M s'est retourné et a hurlé : “Dieu te punira !” Je lui ai dit : “stop, on l'a échappé belle, allons-nous en”.

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