JOURNAL DU LAPTOP
Stage de kenjutsu à Nara.
Alors mon sensei me demande de venir l’assister à Nara dans un stage de perfectionnement au kenjutsu, tous niveaux. Ma princesse est invitée aussi, mon sensei veut la rencontrer, on logera à l’hôtel parce que chez mon sensei il y a des élèves, on n’a rien à payer.
Je ne vais pas rentrer dans tous les détails, ça serait trop long et de toute façon il y a des trucs j’ai pas le droit d’en parler…
Ma princesse a pu assister aux démonstrations publiques (les familles mais pas seulement), une heure chaque jour en fin de journée. Ça l’a passionnée, c’est vrai ça y va. Le reste elle a fait du tourisme avec mon amie, visité les endroits chouettes. Ce n’est pas très beau Nara, quand tu sors de la station c’est même moche, mais il y a des endroits sympas, bien sûr le parc mais pas seulement.
On est allées aussi dans ces bars avec les copains que je fréquentais avant de venir à Paris.
Bref.
Le premier jour mon sensei me met devant les plus avancés, les plus vieux aussi, la plupart plus âgés que moi, des mecs, et 2 filles sympa, on s’est tout de suite entendues.
Mon sensei fait venir le plus avancé, un grand, costaud comme mon frère, on répète les kata et puis après des assauts au bokuto, tout de suite il me prend de haut, en y allant doucement pour ménager la pauvre petite chose fragile. Ça me fait rire en dedans je pense à la petite fille de 10 ans que son frère de 22 avait pas peur assommer…
Comme je parade sans effort ça énerve le mâle, il y va de plus en plus, il perd sa retenue et devient violent. J’attendais ça pour le corriger, ça le calme net. Mon sensei ne dit rien et appelle un autre élève et ainsi de suite. À partir de là ça s’est super bien passé. À la fin des 2 heures le premier élève est venu s’excuser, normal, il n’y a plus d’incidents après.
Premier test réussi et j’ai pigé que ce stage était aussi pour moi.
La semaine s’est passée comme ça, des sensei de mon école que je ne connaissais pas sont venus aussi aux cours, je sentais que par moments c’était moi qui les intéressais, plus que les élèves, ils me posaient des questions entre les heures, me demandaient des trucs…
On a dîné avec mon sensei, il voulait connaître ma princesse, « intrigué par notre façon de vivre ensemble à 2 filles ». Un vieux renard, tu penses que les histoires de lesbienne il a fait le tour depuis longtemps, en fait il voulait savoir si j’avais dit des choses que je n’ai pas le droit de dire mais qu’on peut raconter sous le coup de l’émotion n’est-ce pas ? Ma souveraine est pas une idiote elle a vite compris, « ne vous inquiétez pas, ma Neko (évidemment elle a employé mon vrai prénom) n’a jamais rien dit et d’ailleurs je ne lui ai jamais demandé, je sais ce que c’est les enseignements de maître à élève »
Après, comme il voulait savoir comment je m’entraîne, je lui ai expliqué que depuis que je suis revenue au Japon je n’ai plus de partenaire alors je m’exerce surtout mentalement.
C’est très bien ça il a dit.
Et on a continué à boire, pas mal, et vers 9h le soir il me regarde avec son œil de renard « bon, maintenant au dojo »
On a fait 3 assauts, j’ai bien tenu le coup. C’est un test mental : même bourrée je dois être capable de manier mon sabre.
Le premier soir il m’avait dit déjà : c’est bien, toi et lui (mon katana) vous avez la même âme maintenant.
C’est un super compliment, venant d’un maître qui en fait très peu.
Le dernier jour il y a eu les séances de coupe, nattes et bambou, certains stagiaires ont réussi pour la première fois, c’est très fort la joie qu’on peut éprouver parce que ça a l’air simple mais non.
J’ai passé beaucoup de temps avec les plus jeunes à leur montrer que le sabre c’est pas un bâton pour taper, c’est fait pour couper, ce n’est pas histoire de force mais de vitesse et de geste juste, c’est pour ça que les filles font aussi bien que les mecs. Couper c’est caresser avec le tranchant, balancer la courbe, un geste lisse et régulier, si les mains sont bien placées et les poignets bien mobiles alors la coupe est belle et sans effort, sinon on se fait mal aux épaules et c’est tout. Ça a bien marché la fierté faisait briller des yeux.
Ce que je veux c’est apaiser ma colère, faire le calme de l’esprit, éteindre ma violence. C’est ce que j’ai expliqué avec l’accord de mon sensei. C’est le sabre de paix, j’ai le droit de le dire, c’est la philosophie de mon école.
Mon sensei avait choisi ma lame, elle a un défaut infime. Il a redit elle est comme toi, une âme pure mais un défaut. Elle peut couper n’importe quoi mais une erreur elle se brise alors tu ne dois la sortir que pour bien faire. Toi aussi, ta violence peut te briser si tu la laisses te dominer, sois sage, exerce-toi, tu passeras au-delà.
Pendant cette semaine je sais que j’ai passé un examen, je ne sais pas dans quel but, on ne m’a rien dit. A aussi a été testée, c’est bien japonais.
C’est comme ça l’enseignement que j’ai reçu, à moi de m’adapter, à moi d’avancer. Que des questions, à moi de trouver les réponses.