Les notes du laptop, par NEKO

NOUVEAU JOURNAL DE PARIS
8 Mai 2022

Dimanche, j'ai accompagné A. à une invitation de ses amis. C'était une grande maison avec un jardin, tout ça pas très bien entretenu, dans un quartier de Paris très loin du centre, à ¾ d'heure de bus.
Je n’étais pas fière, des gens que je connais pas, surtout des universitaires, et aussi des artistes…
A. me tenait la main, elle m'avait rassurée, me disant que c'étaient tous des gens gentils mais j'avais le trac.
En effet j'ai été très bien accueillie, très affectueusement, comme la femme de A., en tout cas sa compagne, on ne me regardait pas non plus comme une attraction exotique, comme parfois.

Je craignais surtout de pas savoir m'exprimer ni me tenir, éviter de trop boire, quand je suis intimidée c'est mon défaut, tout ça.
Le premier truc c'est que tout le monde se fait la bise, oh là là j'aime pas j'aime pas, alors là j'ai fait la Japonaise, je m'incline bien avant d'être assez près pour la bise et hop, tout le monde trouve ça charmant et les voilà tous à me saluer pareil. Ça met l'ambiance !

Certaines personnes me connaissaient déjà, car A. leur avait raconté mes aventures, alors c'était plus simple pour moi. À un moment un type commence à me prendre à part (on était tout le monde à se balader dans 2 grandes pièces avec des verres à la main, il y avait aussi une grande table avec plein de trucs d'ailleurs super bons à manger ) avec une jolie fille très jeune, un photographe, et il commence à me baratiner qu'il voudrait faire des photos avec moi, que je lui montre mon cul quoi, c'est drôle tous les photographes que j'ai connus sauf un voulaient tous commencer par me mettre à poil. J'ai laissé dire et puis je l'ai bien déçu, je lui ai dit que je ne posais plus, ou alors seulement pour G, et que de toute façon on pouvait regarder mais pas toucher alors passez votre chemin monsieur, bien respectueusement, d'ailleurs vous semblez avoir déjà un modèle à portée de main (en fait il la pelotait tout le temps pendant la conversation)... Tout ça dans un français finalement pas trop mauvais, en évitant le parler de Rungis…
Comme je commençais aussi à me sentir un peu exposée toute seule je suis vite repartie vers A qui discutait avec un type assez vieux, elle me le présente, c'est un spécialiste du Japon contemporain, il était très étonné que je fasse partie de ma famille car il avait toujours eu en tête que mon père avait seulement 3 fils, comme sur la photo qu'il connaissait. Je connais aussi très bien cette photo, prise pratiquement quand je venais d'avoir 15 ans, j'étais alitée, je ne mangeais plus rien après la première vidéo de viol 2 mois avant je crois, on me nourrissait de force par perfusion, tu parles si je n’étais pas sur la photo… J'avais dû perdre 1/3 de mon poids ! Ensuite on m'a fait disparaître 3 ans, quand j'ai réapparu c'était prière de rester incognito. Et boum, voilà la fille qui ressort toute seule du jeu de cartes.
On a discuté pas mal, il parle un japonais parfait, très chic, je lui ai donné plein de renseignements, sur la fin de la secte du Hokkaidô par exemple, une petite histoire qui ne lui avait pas échappé à l'époque, mais il savait pas que j'y étais plus que mêlée puisque c'est mon évasion qui avait déclenché les procédures. Le phénomène des sectes c'est une partie sensible du Japon contemporain qui l'intéresse vachement, justement.

La journée finalement s'est bien passée, j'ai réussi mon examen d'entrée pas trop mal, je n’ai eu que des sourires, c'est agréable. J'ai du mal à retenir tous les noms, c'est embêtant. A. est très contente de moi, elle me dit tu vois, c'était pas la peine de t'inquiéter, j'étais sûre que tu t'intégrerais très bien.
Quand même c'est intimidant pour une fille qui n'a même pas fini sa dernière année de collège de rencontrer des gens aussi pleins de diplômes que le chêne de glands.

On est rentrées en taxi, ça nous a coûté la peau du cul mais y'avait plus de bus apparemment…

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