Les notes du laptop, par NEKO

Paris, apprentissage de la vie domestique

Pas mal de choses m’ont déroutée en arrivant à Paris, des trucs bêtes comme la taille énorme des poireaux et des légumes en général, pas chers, les fruits, des fruits, plein, partout, pas chers du tout, le prix du pain, très bas aussi, le prix de tout ce qui était japonais, explosé, la couleur des œufs, j’avais vu des œufs en vrai, quand j’étais retenue dans la secte du Hokkaidô, mais en supermarché, au Japon, ils sont systématiquement blancs…
Mais les premières surprises, c’était en prenant possession du studio que l’entreprise familiale mettait à ma disposition dans ce quartier nord près du périph'.

La cuisine
La taille de la cuisine déjà, pas un coin cuisine, une véritable pièce avec une porte et une fenêtre.
Ou est le réfrigérateur ?
C’est cette armoire, là ? Au secours, je vais tomber dedans, c’est incroyablement grand ! Comment peut-on remplir tout ça ? Et deux portes sur toute la largeur au lieu des petites portes et des tiroirs habituels (normaux quoi). Le pire, j’ai appris plus tard que c’était un petit réfrigérateur, le mien.
C’est déroutant ces étagères immenses, pas de casiers, pas de réglages extérieurs, pas d’alarme si on laisse ouvert trop longtemps, pas de fonction économique, rien que ce gros bouton avec des chiffres, il faut le trouver à l’intérieur…

La gazinière énorme aussi, avec un four on y met au moins deux poulets, non ? Trois feux, pourquoi faire ? Oh là là, j’étais terriblement intimidée devant ce meuble, qui d’ailleurs ne fournissait qu’une flamme très médiocre à mon wok, faut s’habituer.
Quand je me suis mise en quête d’un rice cooker j’ai compris que j’étais dans la civilisation du pain, pas du riz. Heureusement il y a les supermarchés chinois à Paris, ils m’ont sauvée.

Un objet qui est resté longtemps énigmatique c’est la cafetière électrique je me demandais à quoi ça pouvait servir, pendant des mois je l’ai prise pour une espèce de bouilloire bizarre. Je m’en servais pour le thé mais c’était toujours trop chaud, je ne comprenais pas pourquoi on ne pouvait pas régler la température et pourquoi un entonnoir au-dessus ? Ça ne m’a pas empêchée de dormir mais ça me perturbait.

La salle de bains
La salle de bains, d’accord, mais où on prend le bain ? Bref, juste une étroite (même pour moi qui suis « genre ablette » comme on m’a dit à Rungis) cabine vitrée avec une douchette. Et les bains publics à Paris il ne faut pas y compter ma petite, mais alors pas du tout. Et c’est pas ce que tu crois…
J’ai pas pris de bain une seule fois avant de rencontrer A, ma princesse et souveraine.

Et ça ? C’est quoi ? pour se laver les pieds sûrement, c’est pas bien haut, ça doit être ça mais quelle drôle d’idée…

Tu règles la température de l’eau à vue de nez en manœuvrant ton robinet, un coup c’est brûlant un coup c’est froid. Bien. Faut s’habituer.

Le lave-linge
Aaaah ! le lave-linge.
Je n’en croyais pas mes yeux. Au Japon, un lave-linge tu mets ton linge dedans, tu choisis économique, fragile ou sale, tu mets ta lessive dans le tambour et en route, terminé, parfois en 20 minutes. Là, 10 000 programmes, des boutons partout, plein de températures, même on peut faire bouillir, non mais bouillir ? Des tiroirs… À l’aide, j’y comprends RIEN.
J’avais un voisin tunisien au même étage, très gentil, il m’a tout montré, on s’aimait bien, il était homosexuel on risquait pas la drague l’un avec l’autre c’était super.
Mais quand même des lavages qui durent des 2 heures, c’est un peu exagéré non ?
Pas de séchoir. Comment vous faites sécher le linge en France, je me demandais…
Au Japon il y a normalement un séchoir au-dessus de la baignoire, évidemment ici pas de baignoire pas de séchoir. J’ai acheté une espèce d’échelle pliante en fil de fer que je dépliais dans ma chambre vu que la salle de bain était trop étroite. C’est pratique tiens.

Le WC
Dans la salle de bains !
Une cuvette, toute nue, rien, aucune installation, pas de jet, rien, tout juste un siège qui retombe d’un coup en claquant bang ! Je cherchais les boutons, rien. Ça je vous jure ça fait un drôle d’effet. Je me croyais revenue en pénitence au Hokkaidô ou je faisais mes affaires accroupie sur un truc au ras du sol, sans commodité, pareil.
Les Français me disent que les toilettes au Japon ça surprend, ben je vous le dis l’inverse est pareil.

L’objet le plus rassurant finalement c’était l’aspirateur. Là, aucun dépaysement, un outil chiant, pas pratique qui s’accroche partout et fait un bruit affreux. Vive le balai et le chiffon humide !