Zone d'Écriture Temporaire

7 ans de photo pour le Conseil Régional d’Île-de-France

Je viens de retrouver dans mes archives la lettre que j’avais adressé à JP Huchon, président du Conseil régional d’Île-de-France, après 8 ans de travail comme photographe pour cette institution.
Je pensais faire un article pour raconter les détails de cette affaire, mais finalement la lettre se suffit à elle-même.

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Pierre-Emmanuel WECK
À Monsieur Jean-Paul HUCHON
Président du Conseil régional d'Île-de-France

Arcueil, le 27 novembre 2009

Monsieur le Président,

Par la présente, je viens réclamer la restitution de l'entièreté de mes archives photographiques (négatifs et supports numériques). En l'absence de tout contrat me liant au Conseil régional, mon statut d'auteur fait de moi l'unique propriétaire des reportages ainsi que de leurs utilisations.

J'ai travaillé comme photographe pour le Conseil régional pendant 7 ans, principalement pour le service de presse. J'ai également participé, toujours comme photographe, à la campagne des élections régionales de mars 2004. A chacun des trois directeurs de la communication que j'ai connu ou lors de grands changements comme l'élection du Conseil régional, la promesse orale de la signature d'un contrat m'avait été faite. Il aurait permis d'assurer une sécurité juridique au Conseil régional sur la propriété et l'utilisation des images produites en contre partie de quoi, il m'aurait assuré une régularité de revenus.

J'ai dû clore mon activité de photographe en octobre 2008 devant l'ampleur des dettes contractées en raison de la baisse des commandes de la Région et de la crise plus générale du photo-journalisme. Depuis votre réélection, la situation n'a cessée de se dégrader d'année en année. Lorsque je passais dans les services m'enquérir de la situation, il m'était répondu que ça irait mieux dans quelques temps...

Dernièrement, un de vos agents, rencontré par hasard m'a confirmé que la consigne avait été donnée de ne plus m'appeler. Un service qui m'avait commandé un reportage l'a annulé au dernier moment m'informant par la même occasion qu'il existait désormais un marché et que n'en ayant jamais été informé, je n'en faisais bien entendu pas partie.

J'ai donc été mené en bateau pendant plusieurs années tout en assurant régulièrement un travail d'auteur rémunéré par le Conseil régional. Mon statut d'indépendant ne me donne pas droit au chômage ni à aucune aide particulière, je tente actuellement une réorientation professionnelle à mes frais.

Je suis bien conscient des désagréments que la perte des archives photographiques peut provoquer pour le Conseil régional et je suis ouvert à toutes négociations pour la gestion du fond iconographique. Je n'en fait pas une affaire affective mais des lois et des règles élémentaires de savoir vivre n'ont pas été respectées ce qui m'a fait perdre beaucoup d'argent et a précipité mon dépôt de bilan.

Restant à votre disposition pour tout entretien avec vous-même ou toute personne que vous jugerez apte à traiter cette affaire, je vous prie de croire, Monsieur le Président, en ma sincère considération.

Pierre-Emmanuel Weck

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Il n’y eu pas de réponse.

Lors d’une soirée, dans une institution pour adolescent autistes où je travaillais désormais comme veilleur de nuit, je croisai la chargée de mission chargé du handicap de JP Huchon. Comme elle me connaissait, me voyant sans appareil photo, elle me demanda ce que je faisait là. Je lui exposai rapidement la situation. Elle me demanda de lui envoyer ce mail et m’assura qu’elle s’occupera du suivi de cette affaire.

Quelques jours plus tard, je reçu effectivement un appel du cabinet du président me demandant quelques jours pour organiser le regroupement de mes archives.

Quelques jours plus tard encore, je reçu un appel m’invitant à me présenter à l’accueil pour récupérer mes archives.

Je fis le trajet en voiture dans Paris, sachant qu’il y avait un certain volume de cartons. À l’accueil, les hôtesses semblaient surprises ne sachant pas où pouvait se trouver mes cartons, puis se souvinrent qu’ils étaient sous l’escalier. Je demandai un diable pour pouvoir transporter tout ça et on m’en prêta un.

Je mis tout dans le coffre, revins rendre le diable et quitta définitivement les bâtiments du Conseil Régional d’Île-de-France.

Je ne pu m’empêcher de pleurer dans la voiture en rentrant à la maison.