Zone d'Écriture Temporaire

Tenir ou ne pas tenir un journal de confinement ?

Je n’ai jamais aimé les journaux, même des grands écrivains. “J’ai fait ci, j’ai lu ça, machin m’a dit…”. C’est parfois utile au regard de l’œuvre de l’écrivain pour comprendre certains passages, certaines allusions, l’origine possible d’une idée… Mais c’est tellement autocentré…

Désormais, on a tellement l’habitude avec les blogs, les chaines YouTube et autres traces de soi et des autres sur les réseaux sociaux que l’on n’a plus besoin, comme auparavant, de témoignages intimes pour comprendre l’être humain. Le trivial est désormais notre quotidien numérique.

Dans une autobiographie, il y a au moins un peu de recul. On réécrit le passé, on lui donne forme, on dit sa vérité, on peut construire un cheminement, il y a une certaine épaisseur. Alors que le journal, soit c’est du factuel soit on s’écoute écrire.

Un journal de confinement n’est pas non plus un carnet de voyage. Ce n’est pas un regard curieux sur le monde, mais plutôt un regard condescendant sur son nombril…

Pour ma part, je ne peux produire qu’avec le monde extérieur, en entrant en résonance avec lui. Aujourd’hui, je me retrouve donc avec moi-même-tout-seul… Et bien ce n’est pas très intéressant. En tout cas pas plus que ce que vit celui qui lit ces lignes.

Plus tard, on aura une avalanche de bouquins sur le sujet. Les plus intéressants seront certainement ceux des journalistes qui auront pu continuer de travailler à voir et analyser le monde. Les autres seront du genre selphique, bourgeois ou pornographique.