Invention et jeux de pouvoir
Invention et jeux de pouvoir est la quatrième anthologie de nouvelles staempunk des éditions Oneiroi. Après Ecologie et folie technologie, Mécanique et lutte des classes, et Exploration et frontières culturelles, la maison d’édition spécialisée dans le steampunk revient avec un nouveau recueil de nouvelles autour d’une thématique commune :
Le steampunk joue avec l’histoire du XIXe siècle, la tord et en imagine des ressorts différents de notre réalité. Dans cette anthologie, vous marcherez dans les pas d’inventeurs en quête de gloire, de pouvoir, de connaissance ou d’argent. Pris dans les feux croisés de la politique, ces ingénieurs interrogent leur sens moral : ils devront décider entre mettre leur création au service du gouvernement ou du peuple. Cependant, ce choix leur appartient-il vraiment ? Pour le meilleur ou pour le pire, ou juste différemment. Prenez place dans notre machine à remonter le temps !
Au programme, quatre nouvelles :
- Le Prix du charbon d’Alexandre Boise : à partir d’un protagoniste plutôt antipathique à mon goût, l’auteur parvient à construire un récit plaisant autour d’un complot, autour du Président de la République et du général Boulanger, à l’occasion d’une exposition universelle à Paris (décidément un trope courant en steampunk) ; ce n’est pas ma nouvelle préférée du recueil, mais elle est tout de même sympathique à lire
- Prophétesse de Sacha Page : dans une Rome antique où le culte d'Isis a prospéré et où des animaux mécaniques et des automates sont conçus et fabriqués grâce à l'ingénierie venue de Grèce, une prêtresse cherche à utiliser la religion à des fins politiques, sur fond de lutte pour la libération et l’affranchissement des esclaves
- Zvukofon de Matthieu Clerjaud : dans un pays slave fictif mais similaire à la Russie tsariste, un inventeur bien intentionné mais peu politisé découvre les usages politiques de la technologie et notamment comment les techniques de communication qu’il invente peuvent être utilisées à des fins de propagande
- Soleil noir de Paul Carto : sous la Second Empire, en pleine rivalité avec la Prusse, deux frères inventeurs issus d'une famille de la noblesse bretonne opposée à l'Empire veulent éviter que leurs invention ne tombe entre de mauvaises mains
Si je devais faire un classement de ces quatre nouvelles, je dirais que la deuxième et la troisième sont clairement au-dessus du lot, tandis que la première et la dernière sont plaisantes sans m’avoir autant plu. Dans l’ensemble, c’est un recueil bien construit et agréable à lire, mêlant émerveillement, dépaysement, et réflexion sur les usages politiques de la technologie. Si ce n’est pas l’essence même du steampunk, que demande de plus ?
Zéro Janvier – @zerojanvier@diaspodon.fr