Chroniques d'un terrien en détresse – Le blog personnel de Zéro Janvier

La forme-Commune (Kristin Ross)

Quand l’État recule, la forme Commune s’épanouit. Ce fut le cas à Paris en 1871 comme lors de ses apparitions plus récentes, en France et ailleurs. Les luttes territoriales contemporaines, comme la ZAD de Notre-Dame-Des-Landes ou les occupations de chantiers de construction de pipelines en Amérique du Nord, ont remis à l’ordre du jour des formes d’appropriation de l’espace social. Elles ont façonné de nouvelles manières politiques d’habiter qui agissent pour interrompre la destruction de notre environnement. Mais elles ont également modifié notre perception du passé récent et donné de nouveaux noms à ce que nous voyons aujourd’hui, aiguisant notre compréhension du présent. Les luttes au long cours pour la terre des années 1960 et 1970, comme le Sanrizuka au Japon ou le Larzac, apparaissent désormais pour ce qu’elles sont : des batailles déterminantes de notre époque.

Pour Kristin Ross, les processus pragmatiques et non accumulatifs qui fondent l’existence concrète de la vie de la commune – défense, subsistance, appropriation, composition et complémentarité des pratiques, solidarité dans la diversité – constituent des éléments cruciaux de ce que Marx appelait « la forme politique de l’émancipation sociale » et que Kropotkine considérait comme la condition nécessaire de la révolution et de son accomplissement.

Dans ce très joli et enthousiasmant essai, Kristin Ross dresse des parallèles entre la Commune de Paris, la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, et d'autres expériences de luttes locales depuis les années 1960 et 1970. Elle en tire des leçons sur la “forme-Commune”, cette forme de lutte ancrée sur un territoire où les personnes en lutte se réapproprient à la fois un espace, leur mode de vie et leur mode d'organisation en commun. Le texte est court et je l'ai trouvé absolument passionnant du début à la fin.

Zéro Janvier@zerojanvier@diaspodon.fr

Discuss...