Chroniques d'un terrien en détresse – Le blog personnel de Zéro Janvier

La nuit des prolétaires (Jacques Rancière)

Cela faisait plusieurs mois (années ?) que ce livre me tentait, et j'ai enfin pris le temps de lire “La nuit des prolétaires, archives du rêve ouvrier” de Jacques Rancière, dans lequel il raconte et étudie la littérature ouvrière du XIXe siècle, entre désir d'émancipation et recherche esthétique, ainsi que les expériences saint-simoniennes, fouriéristes, associatives, et icariennes.

Tout commence à la tombée de la nuit quand, dans les années 1830, un certain nombre de prolétaires décident de briser le cercle qui place le sommeil réparateur entre les jours du salaire : cercle d’une existence indéfiniment vouée à entretenir les forces de la servitude avec celles de la domination, à reproduire le partage qui destine les uns aux privilèges de la pensée, les autres aux servitudes du travail. Le rêve éveillé de l’émancipation ouvrière est d’abord la rupture de cet ordre du temps qui structure l’ordre social, l’affirmation d’un droit dénié à la qualité d’être pensant.

Suivant l’histoire d’une génération, ce livre met en scène la singulière révolution intellectuelle cachée dans le simple nom de « mouvement ouvrier ». Il retrace ses chemins individuels et collectifs, ses rencontres avec les rêves de la communauté et les utopies du travail nouveau, sa persistance dans la défection même de l’utopie.

La prose de Jacques Rancière est jolie mais pas toujours très abordable, il faut s'accrocher pour suivre son propos et j'ai parfois eu du mal à rester concentré. Les chapitres sont longs, Jacques Rancière ne prend pas toujours la peine d'expliciter le contexte et les idées présentées. C'est ce qui me donne un sentiment mitigé en refermant ce livre : j'ai l'impression d'être passé à côté de beaucoup d'éléments, sans doute passionnants, dans ce long texte parfois à la limite de l'occulte pour le non-initié que je suis.

Zéro Janvier@zerojanvier@diaspodon.fr

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