Chroniques d'un terrien en détresse – Le blog personnel de Zéro Janvier

Le drame de l’enfant doué (Alice Miller)

Contrairement à ce que le titre a souvent pu laisser penser, il ne s’agit pas d’un livre sur les enfants surdoués. On y trouvera par contre une recherche autour de l’interrogation : pourquoi tant d’adultes doués, qui réussissent dans la vie, souffrent-ils de se sentir étrangers à eux-mêmes, intérieurement vides ?

Depuis la première parution de ce livre en 1979, les réponses d’Alice Miller à cette question ont aidé de nombreux lecteurs à trouver un accès à leur propre histoire et à découvrir que la partie précieuse de leur Soi leur était restée cachée jusqu’alors (leur « drame »). Ses lecteurs sont encouragés à chercher les raisons de leur souffrance actuelle dans leur histoire, l’histoire du petit enfant qui ne devait vivre que pour les besoins de ses parents en ignorant ou niant ses propres besoins. Au lieu de payer plus tard avec des dépressions et de nombreuses maladies corporelles pour cette auto-mutilation, l’adulte peut s’en libérer en trouvant l’empathie pour l’enfant qu’il a été et pour sa souffrance muette. Aussitôt qu’il assume sa vérité, bloquée si longtemps dans son corps, il peut commencer à regagner, pas à pas, sa vitalité, la vie authentique qu’il n’avait pas osé vivre. La perception par l’auteur du vécu réel de l’enfant n’est plus en lien avec celle de la psychanalyse, à laquelle Alice Miller reproche de rester dans la vieille tradition qui accuse les enfants et protège les parents, autant dans la théorie que dans la pratique où les rapports des traumatismes réels sont interprétés comme fantasmes.

J'ai entendu parler de ce livre dans un épisode de Folie Douce, l'excellent podcast sur la santé mentale de Lauren Bastide. La journaliste et son invité Cyril Dion en parlaient et cela m'a donné envie de le lire. Malheureusement, j'ai été déçu par cet ouvrage.

Si je suis évidemment convaincu que l'enfance peut laisser des séquelles sur notre vie d'adulte, je regrette une tendance d'Alice Miller au réductionnisme, faisant du lien maternel et/ou paternel défaillant la cause ultime de toutes nos difficultés et de tous nos troubles.

Il y a des choses que j'ai trouvées intéressantes dans ce livre, mais l'ensemble m'a plutôt laissé sur ma faim.

Zéro Janvier@zerojanvier@diaspodon.fr

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